UN NOUVEAU TOUR DE FORCE DE LA MAISON RUBENS

Récemment un ‘nouvel’ Autoportrait d’Anthony van Dyck est apparu. Une pièce maîtresse, ni plus ni moins. Le portrait est quasiment similaire au célèbre Autoportrait de Van Dyck de la National Portrait Gallery à Londres qui avait suscité beaucoup d’émoi il y a quelques années. Et une nouvelle fois la Maison Rubens pourra, en première mondiale, présenter cette nouvelle œuvre au grand public. Avec encore 6 autres nouveaux prêts. 

Carte de visite de Van Dyck
Anthony van Dyck était l’élève le plus célèbre et le plus talentueux de Pierre Paul Rubens. L’Autoportrait découvert a été peint sur roi ordre du anglais Charles Ier. Les autoportraits d’artistes connus constituaient des objets de collection très prisés et Charles Ier possédait une petite collection triée sur le volet d’autoportraits du Titien, de Bronzino, de Giulio Romano, de Rubens et de Van Dyck. Charles Ier vouait une admiration énorme et une grande affection pour le peintre de sa cour Anthony van Dyck, comme le montre cette épitaphe sur la tombe de Van Dyck à Londres : ‘Anthony van Dyck, who while he lived gave immortality to many’.

L’Autoportrait à la Maison Rubens est presque identique à celui de la National Portrait Gallery à Londres. A cette différence près que sur ce portrait la moustache d’Anthony pointe vers le haut. Van Dyck se présente ici de manière formelle à Charles Ier. La moustache pendante sur la toile de Londres est une indication que Van Dyck a réalisé ce portrait pour soi-même. Par les repeintures et le cadre rectangulaire ultérieur, l’œuvre fut jusqu’il y a peu attribuée à des successeurs. Des études ont à présent démontré qu’il s’agit d’un authentique Van Dyck. Un tel autoportrait représentait une véritable carte de visite du talent d’artiste. Le peintre décidait lui-même de la façon dont il voulait être vu. Le profilage et la vanité n’appartiennent donc pas qu’à notre époque (facebook).

Une première internationale pour Maarten de Vos
Non seulement l’Autoportrait d’Anthony Van Dyck connaîtra sa première internationale à la Maison Rubens, mais aussi La Calomnie d’Apelle de Maarten de Vos. Le talentueux De Vos est moins connu auprès du grand public, mais on peut sans peine le présenter comme précurseur de Rubens.

La Calomnie d’Apelle était un thème par lequel De Vos put se profiler comme un érudit artiste de la renaissance. Apelle – le plus célèbre peintre de l’antiquité – est accusé de façon calomnieuse par un maître concurrent de conspiration contre le général macédonien Ptolémée. Celui-ci fut sur le point de l’exécuter lorsque la vérité sur son innocence éclata et le peintre fut finalement acquitté. Le thème fut redécouvert durant le quinzième siècle et connut une grande popularité. Aux Pays-Bas Apelle fut considéré comme la personnification du peintre parfait. Ainsi Rubens fut souvent loué comme ‘l’Apelle de son époque’. Le panneau de Maarten de Vos est à l’heure actuelle la seule version peinte connue du thème dans les Pays-Bas. En 2019 l’œuvre sera présentée, sous forme d’un prêt de longue durée, au Musée Royal des Beaux-Arts rénové d’Anvers.

LinkedIn au temps de Rubens
Une autre bonne raison pour une visite à la Maison Rubens est la Tête de Jupiter d’Anthony van Dyck et l’Etude du visage d’une vieille femme de Jacob Jordaens. La Tête de Jupiter est un fragment de l’œuvre virtuose Jupiter et Antiope, dont Van Dyck réalisa différentes versions. La peinture de la collection du Musée des Beaux-Arts de Gand est datée aux alentours de 1620. A cette date Van Dyck était encore jeune et il était fortement influencé par son maître Rubens. Le Jupiter musclé et barbu expressif fait songer aux personnages des vieillards des compositions de Rubens. L’étude montre un Jupiter arc-bouté avec des cornes sur la tête, il est déguisé en satyre, un être mythologique dépravé et malicieux avec des pieds de bouc. L’Etude du visage d’une vieille femme de Jacob Jordaens est un travail de préparation. A côté de Rubens et Van Dyck, il fut l’un des protagonistes de la peinture baroque flamande. Jordaens était très influencé par Rubens, mais il sut tout de même développer son style bien à lui. A l’instar de beaucoup de maîtres il réalisa des études à partir de modèles vivants. Les ‘visages’ expressifs furent ensuite utilisés dans ses toiles. La façon dont le maître anversois a su modeler la vieille femme, avec ses rides visibles dans le cou et sur le visage et avec des rougeurs sur les joues, la transforme en un personnage caractéristique, reconnaissable et vivant.

Les magnifiques portraits d’Elisabeth de France et de Ferdinand Gonzague aussi, du talentueux François Pourbus le Jeune peuvent être admirés à la Maison Rubens. La représentation détaillée du harnais recouvert d’or du jeune homme et les habits brodés de fils d’or d’Elisabeth, alors âgée de 10 ans, démontrent le talent magistral de Pourbus comme portraitiste. Dans le portrait réaliste Portrait d’un jeune homme, Jan Cossiers dépeint un jeune homme inconnu mais assuré. Les deux peintres étaient des relations de la vie commerciale de Rubens. Rubens a encore collaboré avec Pourbus dans le même atelier à Mantoue en Italie, et il a régulièrement travaillé avec Cossiers durant les années 1630.

La Maison Rubens ne cesse de surprendre
Acquérir des œuvres de grands noms comme Van Dyck est devenu inabordable pour beaucoup de musées. Pour vous faire bénéficier autant que possible, en tant que visiteur, de l’œuvre de Rubens et de ses contemporains talentueux, la Maison Rubens emprunte des œuvres importantes de collections privées et publiques. Les nouveaux prêts sont sans exception des temps forts de l’histoire de la peinture, que vous pouvez admirer à la Maison Rubens – ce lieu où un nombre d’artistes ont passé une partie de leur vie.

Les prêts à la Maison Rubens changent régulièrement. Sur notre site internet vous trouverez les plus récentes informations.
Maison Rubens, Wapper 9-11, B-2000 Anvers
www.rubenshuis.be

Échevin responsable : Philip Heylen, Échevin pour la culture, l’économie, l’entretien urbain et des quartiers, le patrimoine et les cultes 

Annexe 1

Communiqué de presse la Maison de Rubens -  07.03.2016

Un nouveau tour de force de la Maison Rubens

Récemment un ‘nouvel’ Autoportrait d’Anthony van Dyck est apparu. Une pièce maîtresse, ni plus ni moins. Le portrait est quasiment similaire au célèbre Autoportrait de Van Dyck de la National Portrait Gallery à Londres qui avait suscité beaucoup d’émoi il y a quelques années. Et une nouvelle fois la Maison Rubens pourra, en première mondiale, présenter cette nouvelle œuvre au grand public. Avec encore 6 autres nouveaux prêts.

Carte de visite de Van Dyck

Anthony van Dyck était l’élève le plus célèbre et le plus talentueux de Pierre Paul Rubens. L’Autoportrait découvert a été peint sur roi ordre du anglais Charles Ier. Les autoportraits d’artistes connus constituaient des objets de collection très prisés et Charles Ier possédait une petite collection triée sur le volet d’autoportraits du Titien, de Bronzino, de Giulio Romano, de Rubens et de Van Dyck. Charles Ier vouait une admiration énorme et une grande affection pour le peintre de sa cour Anthony van Dyck, comme le montre cette épitaphe sur la tombe de Van Dyck à Londres : ‘Anthony van Dyck, who while he lived gave immortality to many’.

L’Autoportrait à la Maison Rubens est presque identique à celui de la National Portrait Gallery à Londres. A cette différence près que sur ce portrait la moustache d’Anthony pointe vers le haut. Van Dyck se présente ici de manière formelle à Charles Ier. La moustache pendante sur la toile de Londres est une indication que Van Dyck a réalisé ce portrait pour soi-même. Par les repeintures et le cadre rectangulaire ultérieur, l’œuvre fut jusqu’il y a peu attribuée à des successeurs. Des études ont à présent démontré qu’il s’agit d’un authentique Van Dyck. Un tel autoportrait représentait une véritable carte de visite du talent d’artiste. Le peintre décidait lui-même de la façon dont il voulait être vu. Le profilage et la vanité n’appartiennent donc pas qu’à notre époque (facebook).

Une première internationale pour Maerten de Vos

Non seulement l’Autoportrait d’Anthony Van Dyck connaîtra sa première internationale à la Maison Rubens, mais aussi La Calomnie d’Apelle de Maerten de Vos. Le talentueux De Vos est moins connu auprès du grand public, mais on peut sans peine le présenter comme précurseur de Rubens.

La Calomnie d’Apelle était un thème par lequel De Vos put se profiler comme un érudit artiste de la renaissance. Apelle – le plus célèbre peintre de l’antiquité – est accusé de façon calomnieuse par un maître concurrent de conspiration contre le général macédonien Ptolémée. Celui-ci fut sur le point de l’exécuter lorsque la vérité sur son innocence éclata et le peintre fut finalement acquitté. Le thème fut redécouvert durant le quinzième siècle et connut une grande popularité. Aux Pays-Bas Apelle fut considéré comme la personnification du peintre parfait. Ainsi Rubens fut souvent loué comme ‘l’Apelle de son époque’. Le panneau de Maerten de Vos est à l’heure actuelle la seule version peinte connue du thème dans les Pays-Bas. En 2019 l’œuvre sera présentée, sous forme d’un prêt de longue durée, au Musée Royal des Beaux-Arts rénové d’Anvers.

LinkedIn au temps de Rubens

Une autre bonne raison pour une visite à la Maison Rubens est la Tête de Jupiter d’Anthony van Dyck et l’Etude du visage d’une vieille femme de Jacob Jordaens. La Tête de Jupiter  est un fragment de l’œuvre virtuose Jupiter et Antiope, dont Van Dyck réalisa différentes versions. La peinture de la collection du Musée des Beaux-Arts de Gand est datée aux alentours de 1620. A cette date Van Dyck était encore jeune et il était fortement influencé par son maître Rubens. Le Jupiter musclé et barbu expressif fait songer aux personnages des vieillards des compositions de Rubens.  L’étude montre un Jupiter arc-bouté avec des cornes sur la tête, il est déguisé en satyre, un être mythologique dépravé et malicieux avec des pieds de bouc. L’Etude du visage d’une vieille femme de Jacob Jordaens est un travail de préparation. A côté de Rubens et Van Dyck, il fut l’un des protagonistes de la peinture baroque flamande. Jordaens était très influencé par Rubens, mais il sut tout de même développer son style bien à lui.  A l’instar de beaucoup de maîtres il réalisa des études à partir de modèles vivants. Les ‘visages’ expressifs furent ensuite utilisés dans ses toiles. La façon dont le maître anversois a su modeler la vieille femme, avec ses rides visibles dans le cou et sur le visage et avec des rougeurs sur les joues, la transforme en un personnage caractéristique, reconnaissable et vivant.

Les magnifiques portraits d’Elisabeth de France et de Ferdinand Gonzague aussi, du talentueux François Pourbus le Jeune peuvent être admirés à la Maison Rubens. La représentation détaillée du harnais recouvert d’or du jeune homme et les habits brodés de fils d’or d’Elisabeth, alors âgée de 10 ans, démontrent le talent magistral de Pourbus comme portraitiste. Dans le portrait réaliste Portrait d’un jeune homme, Jan Cossiers dépeint un jeune homme inconnu mais assuré. Les deux peintres étaient des relations de la vie commerciale de Rubens. Rubens a encore collaboré avec Pourbus dans le même atelier à Mantoue en Italie, et il a régulièrement travaillé avec Cossiers durant les années 1630.

La Maison Rubens ne cesse de surprendre

Acquérir des œuvres de grands noms comme Van Dyck est devenu inabordable pour beaucoup de musées. Pour vous faire bénéficier autant que possible, en tant que visiteur, de l’œuvre de Rubens et de ses contemporains talentueux, la Maison Rubens emprunte des œuvres importantes de collections privées et publiques. Les nouveaux prêts sont sans exception des temps forts de l’histoire de la peinture, que vous pouvez admirer à la Maison Rubens – ce lieu où un nombre d’artistes ont passé une partie de leur vie.   

Les prêts à la Maison Rubens changent régulièrement. Sur notre site internet vous trouverez les plus récentes informations.

Maison Rubens, Wapper 9-11, B-2000 Anvers

www.rubenshuis.be
 

Annexe 2

Maarten De Vos (1532-1603), La calomnie d’Apelle, Huile sur panneau, Prêt de longue durée, collection privée, Grand-Duché de Luxembourg

Sur la droite est assis un homme qui a des oreilles énormes, à peu près semblables à celles de Midas ; il tend la main à Calomnie, qui s’avance, mais qui est encore loin de lui. À ses côtés sont deux femmes, l’Ignorance, et la Suspicion, je crois. De l’autre côté, la Calomnie s’avance sous la forme d’une femme extrêmement belle ; elle est ardente et hors d’elle-même, comme une femme qui fait éclater sa rage et sa colère. Elle tient de la main gauche une torche brûlante, de l’autre, elle traîne par les cheveux un jeune homme qui lève les bras au ciel et prend les dieux à témoin. Il est conduit par un homme pâle et hideux, au regard perçant, qui a l’air d’avoir été desséché par une longue maladie ; on peut croire que c’est l’Envieux personnifié. Deux femmes accompagnent la Calomnie, l’excitent, la parent, et l’attifent. J’appris du guide qui expliquait le tableau que ces femmes étaient, l’une, l’Embûche, et l’autre, la Tromperie. Derrière elles s’avançait une femme en grand deuil, aux vêtements noirs et déchirés. On me dit, je crois, que c’est la Repentance. Elle se tournait souvent, les larmes aux yeux, et, pleine de confusion, elle jetait à la dérobée des regards sur la Vérité qui s’avançait.

C’est par ces mots que le philosophe grec Lucien (125-180) décrivait La calomnie d’Apelle, une allégorie peinte, quasi mythique, mais perdue, datant du quatrième siècle avant Jésus-Christ. Lucien raconte la façon dont Apelle – le peintre le plus célèbre de l’Antiquité – est accusé de manière calomnieuse de conspiration contre le général macédonien Ptolémée par un maître concurrent. Ptolémée était sur le point de faire exécuter Apelle lorsque la vérité concernant son innocence a éclaté, permettant ainsi au peintre d’être acquitté. L’œuvre du peintre Apelle représente, de façon allégorique, et par le biais d’une série de personnifications d’états d’esprit humains et de concepts moraux, la situation injuste dans laquelle il s’était retrouvé.

Au début du quinzième siècle, le texte de Lucien a été redécouvert, traduit, et diffusé, et a joui d’une grande popularité, tant dans la littérature, que dans les arts plastiques. À l’instar d’autres artistes italiens, tels que Mantegna (1431-1506), Botticelli (1445-1510), et Zuccaro (ca. 1540-1609), le thème a également inspiré des artistes du Nord. Aux Pays-Bas, Apelle était considéré comme la personnification du peintre parfait. Ainsi, les contemporains célébraient Rubens comme « l’Apelle de nos jours ». La calomnie d’Apelle était également un thème permettant à un maître de se profiler comme un artiste érudit de la Renaissance. Pieter Bruegel l’Ancien (ca. 1525-1569), et, par la suite, Pierre Paul Rubens (1577-1640) ont repris le thème, mais personne n’y a accordé autant d’importance que Maarten de Vos. Actuellement, son panneau est la seule version peinte connue du sujet issu des Pays-Bas, ce qui contribue à l’unicité et à l’importance du tableau.

Maarten de Vos (1532-1603) grandit au sein d’une famille d’artistes anversoise. Il apprend le métier auprès de son père, Pieter de Vos et Frans Floris (1517-1570). Au terme de sa période d’apprentissage, il aurait entrepris un voyage en Italie, où il aurait travaillé au sein de l’atelier du Tintoret (1518-1594). De retour à Anvers, il devient maître et intègre la guilde de Saint-Luc en 1558, et se voit confier ses premières grandes commandes. À l’instar des autres artistes, les tensions religieuses, et les violences religieuses persistantes du 16ème siècle ont eu une influence sur le peintre luthérien. Au départ, l’œuvre de Maarten de Vos faisait référence à la Réforme. Grâce à une capacité d’adaptation bien développée, il reçoit également des commandes de commanditaires catholiques. Après la chute d’Anvers en 1585, Maarten de Vos est devenu un peintre renommé de grands autels catholiques.

Pour réaliser son œuvre, La calomnie d’Apelle, Maarten de Vos s’est basé sur une célèbre gravure de Giorgio Ghisi (1520-1582), conçue d’après un tableau de Luca Penni (ca. 1500/1504-1556). La gravure de Giorgio Ghisi a dû circuler à Anvers au cours du dernier quart du seizième siècle. Quelques éléments spécifiques, tels que le filet comme attribut du personnage représentant la Tromperie, ou l’ajout de la figure du Temps comme père de la Vérité, sont uniques pour les deux compositions. Maarten de Vos n’a pas fait que copier simplement la gravure : il a omis les éléments qui ne respectaient pas intégralement les subtilités présentes dans la littérature. Il avait très probablement une bonne connaissance de la description de Lucien qu’il souhaitait imiter fidèlement.

En 1594, Maarten de Vos a contribué à l’embellissement de la ville en vue de la Joyeuse Entrée d’Ernest d’Autriche à Anvers. Pour cette mission, Maarten de Vos réalise des dessins préparatoires qui présentent d’étranges similitudes stylistiques avec La calomnie d’Apelle. Il semble qu’il a également utilisé ces dessins comme modèle pour le tableau. La calomnie d’Apelle a probablement été créée au cours des dix dernières années de vie de Maarten de Vos. Parmi ces œuvres tardives, il s’agit là d’une réalisation unique, importante et intrigante, en raison de la thématique profane, et de la Vérité, représentée entièrement nue.

De nombreuses questions relatives à ce chef-d’œuvre inconnu restent pour l’instant sans réponse. Pour qui Maarten de Vos a-t-il peint cette composition ? Le thème juridique et les dimensions du panneau pourraient indiquer que le tableau était destiné à être accroché dans un bâtiment public, tel qu’un tribunal. Le commanditaire a également pu être un collectionneur de tendance humaniste, s’intéressant aux sujets antiques. Par ailleurs, la signification de la scène, ainsi que le message sous-jacent n’ont pas encore pu être déchiffrés à ce jour. Ainsi, par la personnification allégorique de la Repentance, Maarten de Vos en crée un personnage religieux contemporain. De plus, la Jalousie dissimule une armure sous ses haillons. Le tableau est-il porteur d’un message politique ou religieux caché ? De telles particularités frappent l’imagination, et suscitent de nombreuses questions.

Pendant des siècles, le tableau a fait partie de différentes collections privées. À présent, l’œuvre de Maarten de Vos, La calomnie d’Apelle, est présentée pour la première fois à un public international, à un jet de pierre de la maison du maître. À partir de 2019, l’œuvre fera partie de la collection du Musée royal des beaux-arts d’Anvers, entièrement rénové. Jusqu’à cette date, l’œuvre peut être admirée dans la Maison de Rubens.

Anthony van Dyck (1599-1641), Autoportrait, Huile sur toile, 1635-1641, Prêt de longue durée, collection privée

Anthony van Dyck était l’élève le plus célèbre et le plus talentueux de Pierre Paul Rubens. L’autoportrait peint par le maître anversois, a probablement été réalisé à la demande du roi Charles Ier d’Angleterre. Des autoportraits d’artistes célèbres étaient des objets convoités par les collectionneurs d’art. Le roi Charles Ier possédait une collection restreinte mais exceptionnelle d’autoportraits du Titien, de Bronzino, de Giulio Romano, de Rubens, et… de Van Dyck. Le roi avait une immense admiration et affection pour Van Dyck, qui avait été nommé peintre à la Cour de Charles Ier d’Angleterre, comme en attestent ses paroles sur la tombe de Van Dyck à Londres : « De son vivant, Anthony van Dyck en a rendu plus d’un immortel ».

L’autoportrait que l’on peut admirer dans la Maison de Rubens est quasi identique à celui présent dans le National Portrait Gallery à Londres. Sur ce portrait, la moustache de Van Dyck est recourbée vers le haut, de sorte que ce dernier se présente de manière formelle au roi Charles Ier. En revanche, la moustache pendante que l’on peut admirer sur l’œuvre de Londres est plus informelle. Ainsi, le maître anversois a probablement réalisé ce portrait pour lui-même.

En raison de survernissages, et du fait que l’œuvre a ensuite été transformée en un tableau rectangulaire, les spécialistes ont, jusqu’il y a peu, attribué cette œuvre à des disciples du peintre. Toutefois, des études ont à présent montré qu’il s’agit d’un tableau peint par Van Dyck. Cet autoportrait supplémentaire vient ainsi compléter les différentes œuvres réalisées par cet enfant prodige anversois. Un tel autoportrait servait de véritable carte de visite, révélatrice du talent de l’artiste. Le peintre a lui-même choisi la façon dont il voulait être vu.

Anthony van Dyck (1599-1641) (attribué à), Jupiter et Antiope, Huile sur toile, Prêt de longue durée, collection privée, Grand-Duché de Luxembourg

Ce Jupiter pourrait faire l’objet d’une étude portant sur les compositions de Van Dyck mettant en scène Jupiter, qui, en tant que satyre, accompagné d’un aigle, son attribut habituel, découvre Antiope endormie et s’apprête à la séduire. Le tableau Jupiter et Antiope, une œuvre faisant partie de la collection du Musée des beaux-arts de Gand, a été daté autour de 1620. À ce moment-là, Van Dyck était encore jeune, et fort influencé par Rubens, son maître. Le corps musclé et le visage barbu de Jupiter font penser aux figures d’hommes âgés qui figurent dans les compositions de Rubens. L’étude montre un Jupiter courbé, avec des cornes sur sa tête, et métamorphosé en satyre, une créature mythologique immorale et rusée. Grâce au tableau achevé conservé au Musée des beaux-arts de Gand, il a été possible de déterminer le rôle joué par le dieu déguisé. Ovide, le poète romain, écrit que Jupiter, le plus grand séducteur des dieux, est en train de séduire Antiope endormie. Ce jeu d’amour allait entraîner la naissance de jumeaux.

Frans Pourbus le Jeune (1569-1622), Portrait d’Élisabeth de France, qui devint par la suite Isabelle, reine d’Espagne (1602-1644) Huile sur toile, Prêt de longue durée, collection privée, Grand-Duché de Luxembourg

Il s’agit du portrait d’Élisabeth de France, la fille d’Henri IV et de Marie de Médicis. Cette œuvre du maître anversois Frans Pourbus le Jeune, récemment redécouverte, montre la petite fille à l’âge de dix ans, richement parée de bijoux et de vêtements brodés d’or. Le tableau fait partie de la série des portraits royaux que Pourbus le Jeune a réalisés durant sa carrière de peinte à la Cour de France. Par son mariage avec le roi Philippe IV d’Espagne, Elisabeth devint reine d’Espagne.

Jacob Jordaens (1593-1678), Étude d’une tête de vieille femme, Huile sur papier, transposée sur panneau, Prêt temporaire, collection privée, Anvers

Jacob Jordaens (1593-1678) était l’un des protagonistes de la peinture baroque flamande, avec Pierre Paul Rubens. En tant que jeune peintre, Jacob Jordaens a probablement travaillé quelque temps dans l’atelier de Rubens, et a fortement été marqué par l’influence de ce dernier. Toutefois, Jacob Jordaens a développé un style personnel.

L’œuvre de Jacob Jordaens se caractérise par une série d’études similaires portant sur des têtes de vieilles femmes, qui peuvent être associées à quelques-uns de ces tableaux. Jusqu’à présent, personne n’est parvenu à faire le lien entre cette étude et une œuvre spécifique. Toutefois, la femme peinte semble réapparaître régulièrement dans l’œuvre de Jacob Jordaens. Grâce à la façon dont le maître anversois a modelé son visage, en peignant des rides visibles dans son cou et dans sa figure, ainsi qu’une légère rougeur sur ses joues, cette vieille femme devient un personnage caractéristique, reconnaissable, et animé.

Frans Pourbus Le Jeune (1569-1622) (attribué à), Portrait de Ferdinand de Gonzague (1587-1626), Huile sur toile, Prêt temporaire, collection privée, Anvers

À l’instar de Rubens, Frans Pourbus Le Jeune était non seulement maître à Anvers, mais également peintre à la Cour du duc de Mantoue, Vincent de Gonzague. Il s’agit ici du portrait du fils du duc, Ferdinand de Gonzague, qui allait ensuite succéder à son père en tant que souverain de la ville. La reproduction détaillée de l’armure du jeune homme, recouverte d’or, témoigne du talent magistral de Frans Pourbus Le Jeune en sa qualité de portraitiste.

Jan Cossiers (1600-1671), Portrait d’un homme, huile sur panneau, ca. 1620, Prêt temporaire, collection privée, Anvers

Jan Cossiers était un collaborateur de Rubens. Au cours de la seconde moitié du 17ème siècle, Jan Cossiers était devenu l’un des maîtres les plus importants à Anvers. Jan Cossiers est connu pour ses portraits réalistes qui traduisent parfaitement l’émotion de la personne. Le tableau que les visiteurs peuvent maintenant admirer au sein de la Maison de Rubens, en est un bel exemple. La main gauche du jeune homme repose de manière décontractée sur sa taille. Le personnage semble ainsi adopter une attitude noble, et respirer la confiance en lui. L’œuvre de Jan Cossiers a fortement été influencée par Le Caravage. Dans ce portrait également, le peintre joue subtilement avec l’ombre et la lumière.

Nadia De Vree

Coordinatrice presse musea et Erfgoed , Stad Antwerpen

À propos de Rubenshuis

Le maître vit ici avec des années avec sa famille et peint avec ses collègues et assistants dans l’atelier qu’il a dessiné lui-même. Une partie importante de ses œuvres a été réalisée dans cette maison au cœur d’Anvers.